Entre décembre 2003 et avril 2004, une quinzaine de médecins de l’Ardèche méridionale ont été interrogés. En s’adressant aussi bien à des médecins du travail qu’à des médecins généralistes ou spécialistes (un dentiste et un gynécologue), la Maison de la Saisonnalité a souhaité mobiliser les acteurs de la santé sur son territoire, afin de réfléchir par la suite à des actions collectives de prévention et de sensibilisation auprès des travailleurs saisonniers et de leurs employeurs.
L’enquête révèle l’existence de problèmes de santé récurrents chez les travailleurs saisonniers :
stress et fatigue (25% des consultations)
accidents du travail (14% des consultations)
comportements addictifs (17% des consultations)
L’adaptation au poste et au rythme de travail, surtout pour les plus jeunes (souvent peu formés faute de temps), est une source de stress qui peut nécessiter un arrêt de travail. Les médecins notent que les employeurs, eux-mêmes sujets au stress et à la fatigue, sont souvent très exigeants vis-à-vis d’eux-mêmes et de leurs employés. Ils relèvent de nombreuses situations conflictuelles au sein des équipes ou entre les employeurs et leurs employés.
Les conditions de vie des travailleurs saisonniers ont une forte incidence sur leur santé :
les saisonniers mobiles manquent de suivi médical et se heurtent à de longs délais d’attente
des revenus peu importants ou irréguliers font reculer le moment de consulter un médecin
un habitat inadapté a des répercussions sur la qualité du repos...
Un quart des saisonniers déclarés n’ont pas été reçus par la médecine du travail : la moitié, parce qu’elle ne s’est pas présentée (souvent en fin de saison), et l’autre parce qu’elle n’a pas été convoquée, faute de temps et de personnel pour assurer les consultations. Pour la moitié des médecins interrogés, il y a un décalage entre les horaires d’ouverture des cabinets médicaux et la disponibilité des saisonniers. Par ailleurs, il est souvent difficile de trouver un médecin disponible, à cause de la surcharge de consultations liée à une forte affluence touristique.
D’une façon générale, le problème financier reste un frein pour le public saisonnier, qui n’a pas toujours de couverture sociale. Un saisonnier sur deux se présente chez le médecin sans sa carte Vitale, et un saisonnier sur deux ne connaît pas son numéro de sécurité sociale. Certaines personnes font ainsi prescrire leurs soins au nom d’un proche, lorsqu’ils n’ont pas de couverture sociale ou ignorent leur caisse d’affiliation. Il arrive en cas d’accident du travail que les employeurs ne fournissent pas les documents nécessaires dans les délais, soit qu’ils ne connaissent pas les démarches à effectuer, soit qu’ils n’aient pas déclaré leurs employés. Enfin les mutuelles étudiantes ne couvrent pas toujours les activités salariées.
Quelques pistes de travail ont été proposées :
la mise en place d’horaires de consultation réservés aux saisonniers
la mise en place d’un travail de partenariat avec les médecins du travail et des généralistes
la production d’un livret d’information des travailleurs saisonniers
Pour en savoir plus, contactez la Maison de la Saisonnalité de Vallon Pont d’Arc, au 04 75 88 17 44 ou par courriel à maison.saisonnalite@wanadoo.fr